mercredi 3 février 2016

Alertes dans les lycées

Alertes dans les lycées : la piste de l'étrange « Brigade d'évacuation »

Un obscur groupe d'internautes a revendiqué auprès d'un journal australien la plupart des fausses alertes qui ont visé ces derniers jours des lycées à Paris, Lyon et partout dans le monde.

Paris (Ve), le 26 janvier. Le lycée Henri-IV a été victime, à plusieurs reprises, d’une alerte à la bombe. A chaque fois, il a dû être évacué en attendant que les démineurs procèdent aux vérifications nécessaires.
Paris (Ve), le 26 janvier. Le lycée Henri-IV a été victime, à plusieurs reprises, d’une alerte à la bombe. A chaque fois, il a dû être évacué en attendant que les démineurs procèdent aux vérifications nécessaires. LP / Céline Carez
Qui est à l'origine de l'épidémie de menaces et d'alertes aux colis piégés qui a sévi dans les lycées français, à Paris et à Lyon (Rhône) lundi encore ? Mais aussi dans des dizaines d'établissements scolaires en Grande-Bretagne et mardi pour la troisième journée consécutive en Australie ? Ces coups de téléphone qui tentent de semer la panique ont même atteint la minuscule île de Guam dans le Pacifique, où cette fois la base navale a été ciblée.


Une réponse est pour l'heure partiellement venue de l'hémisphère Sud, via l'édition australienne de Mashable, un site international d'information spécialisé sur les médias sociaux. Il affirme qu'une grande part de ces actions ont été revendiquées par Evacuation Squad (qui peut se traduire par brigade d'évacuation), par au moins un compte Twitter, fermé depuis.

En France, où le parquet de Paris a ouvert une enquête pour menaces de destruction depuis les premiers coups de téléphone qui datent de mardi 26 janvier, cette piste est en tout cas privilégiée. Ces appels passés « a priori d'un même numéro de portable » affichaient un indicatif étranger, ce qui n'exclut pas, cependant, qu'ils aient pu être passés depuis la France.

Derrière Evacuation Squad se cacheraient au moins six internautes anonymes, qui se vantent de pouvoir agir partout, rapporte de son côté l'édition britannique de Mashable. Leurs raisons ? « Nous trouvons ces menaces drôles », écrit cyniquement l'un d'entre eux, qui se fait appeler Viktor Olyavitch, dans un mail reçu par Jenni Ryall, la journaliste australienne de Mashable. Olyavitch précise que son groupe est basé en Iran et en Russie et que leurs menaces sont lancées par un compte voix sur IP, dont les codes d'accès ont été volés. Dans un message sur Internet, le leadeur présumé de la Brigade d'évacuation proclame aussi : « Nous détestons le gouvernement américain. Nous détestons l'autorité. Nous adorons le chaos. » Le groupe suspect dit également envisager de monnayer ses menaces à de potentiels clients : 5 $ pour une école ou 10 $ pour une mairie par exemple.

Un message préenregistré : « Il y a des bombes dans tous les lycées, vous allez tous sauter »

Selon une source policière, le mode opératoire semble similaire en France et en Grande-Bretagne. Des appels anonymes de menaces arrivent par téléphone, via un message préenregistré : « Il y a des bombes dans tous les lycées, vous allez tous sauter. » Des menaces qui entraînent immédiatement évacuation ou confinement des élèves et qui, par temps de Vigipirate et de risque terroriste élevé, sont toujours prises au sérieux. Aucune des inspections policières menées dans les locaux, en France ou ailleurs, n'a rien donné et les cours ont pu reprendre normalement. La police du West Midlands, en Grande-Bretagne, a rassuré la population à l'issue de six fouilles d'établissements en parlant de « risque non crédible ».

En France, six établissements lyonnais ont reçu lundi matin des appels anonymes faisant état de la présence d'une bombe. A Paris, la même matinée, des élèves de trois lycées ont été de nouveau mis à l'abri pour la troisième fois en une semaine, a indiqué le rectorat de Paris. Mardi et jeudi de la semaine dernière, plusieurs établissements de la capitale, dont les trois visés ce lundi, ont été la cible de « menaces ». Un scénario similaire s'est produit aux mêmes dates — jeudi et mardi derniers — au Royaume-Uni, dans la région de Birmingham. Puis lundi, six écoles de la même région britannique des West Midlands et deux autres dans la ville écossaise de Glasgow ont été évacuées en raison de nouvelles menaces, selon les autorités locales. En Australie, ce sont six écoles de Sydney qui ont reçu des menaces lundi, ainsi que des établissements des Etats australiens de Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria.

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